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Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/68

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GRILLON DU FOYER

fussent si purs, n’eut pas le courage de la regarder en face, mais baissa les yeux comme si elle avait pu s’apercevoir de son innocente tromperie.

— Alors, parlez-moi encore de lui, mon cher père, dit Berthe, parlez-m’en souvent. Sa figure est bienveillante, bonne et tendre. Elle est honnête et vraie. J’en suis sûre. Ce cœur généreux, qui dissimule tous ses bienfaits sous une apparence de répugnance et de rudesse, se trahit dans ses regards, sans doute ?

— Et lui donne un air noble, ajouta Caleb dans son désespoir tranquille.

— Et lui donne l’air noble, s’écria la jeune aveugle. Il est plus âgé que May, père ?

— Oui, dit Caleb en hésitant et comme malgré lui. Oui, il est un peu plus âgé que May, mais cela ne signifie rien.

— Ô mon père, oui. Être sa compagne patiente dans les infirmités de son âge ; être sa garde-malade agréable dans ses maladies, et son amie constante dans ses souffrances et dans ses chagrins ; ne pas connaître la fatigue quand on travaille pour l’amour de lui, le veiller, le soigner, s’asseoir auprès de son lit, et faire la conversation avec lui à son réveil, et prier pour lui pendant son sommeil, quels privilèges elle aura ! quelles occasions de lui prouver sa fidélité et son dévouement ! Fera-t-elle tout cela, mon cher père ?

— Je n’en doute point, dit Caleb.