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GRILLON DU FOYER.

— J’aime May, mon père ; je puis l’aimer du fond de mon âme ! s’écria la jeune aveugle. Et en disant ces paroles, elle approcha du visage de Caleb sa pauvre figure privée de lumière, et pleura tellement que celui-ci fut presque fâché de lui avoir procuré ce bonheur plein de larmes.

Pendant ce temps, il y avait eu chez John Peerybingle une assez notable commotion, car naturellement la petite mistress Peerybingle ne voulait pas aller dehors sans avoir avec elle le baby ; et mettre le baby en état de sortir prenait du temps. Non pas que ce fût beaucoup de chose que le baby comme poids, mais avant d’avoir tout préparé pour lui, cela n’en finissait point, et il n’était pas utile de se presser. Par exemple : lorsque le baby fut habillé et crocheté jusqu’à un certain point, et que vous auriez pu raisonnablement supposer qu’il manquait une touche ou deux pour achever sa toilette, et en faire un baby présentable à tout le monde, il fut inopinément coiffé d’un bonnet de flanelle et porté au berceau ; alors il sommeilla entre deux couvertures pendant la plus grande partie d’une heure. De cet état d’inaction il fut ramené tout à fait resplendissant, et rugissant violemment pour avoir sa part ― s’il est permis de m’exprimer ainsi qu’on le fait généralement — d’un léger repas. Après cela, il alla dormir de nouveau. Mistress Peerybingle mit à profit cet intervalle pour se faire aussi belle que chacun de vous peut penser qu’une jeune femme puisse le faire, et pendant cette