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GRILLON DU FOYER.

possession d’une grande fortune. Elle fit alors la remarque qu’il ne fallait pas faire allusion au passé, et ne voulut pas rappeler que sa fille avait déjà, quelque temps avant, rejeté la demande de M. Tackleton ; et elle témoigna l’intention de supprimer une foule d’autres choses qu’elle raconta cependant avec beaucoup de détails. Finalement, elle donnait comme le résultat général de ses observations et de son expérience que tous les mariages où il y avait le moins de ce qu’on est convenu d’appeler romanesquement et sottement de l’amour, étaient toujours les plus heureux ; et elle augurait le plus grand bonheur, ― non pas un bonheur ravissant, ― mais un bonheur solide et constant pour les prochaines noces. Elle concluait en informant la compagnie que le lendemain était le jour pour lequel elle avait vécu dans l’attente ; et que, passé ce jour, elle ne désirerait rien autre chose que d’être expédiée dans une place agréable d’un cimetière.

Comme toutes ces remarques étaient de celles auxquelles il est tout à fait impossible de répondre, ce qui, du reste, est l’heureuse propriété des remarques suffisamment hors de propos, elles changèrent le courant de la conversation et détournèrent l’attention générale au profit du pâté de veau et de jambon, du mouton froid, des pommes de terre et de la tarte. De peur que la bière en bouteilles ne fût négligée, John Peerybingle proposa de boire au lendemain, au jour du mariage, et il prit sur lui de boire une rasade à cette santé, avant de poursuivre sa journée.