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GRILLON DU FOYER.

mains de May Fielding pour s’attacher à ses vêtements dans une attitude de supplication et d’amour. Se laissant glisser peu à peu jusqu’à terre, après qu’elle eut achevé son étrange confession, elle se laissa tout à fait tomber aux pieds de son amie et cacha sa figure privée de lumière dans les plis de sa robe.

— Puissance divine ! s’écria son père, éclairé cette fois par la vérité, ne l’ai-je trompée depuis le berceau que pour lui briser le cœur à la fin !

Ce fut un bonheur pour tout le monde que la petite Dot, active et utile, ― car elle l’était, quelles que fussent ses fautes ; cependant vous pouvez apprendre plus tard à la haïr, ― ce fut un bonheur pour tous, dis-je, qu’elle fût là ; sans quoi il aurait été difficile de dire comment cela aurait fini. Mais Dot, reprenant possession d’elle-même, s’interposa avant que May pût répondre, ou Caleb dire une autre parole.

— Venez, venez, chère Berthe ! Sortez avec moi ! Donnez-lui votre bras, May. Ah ! voyez comme elle est calme déjà, et comme il est bien de sa part de songer à nous, dit la chère petite femme en la baisant sur le front. Venez, chère Berthe ! et son bon père viendra avec elle ; n’est-ce pas, Caleb ?

Dot était une noble femme dans ces choses-là, et il aurait fallu être d’une nature bien endurcie pour se soustraire à son influence. Lorsqu’elle eut emmené le pauvre Caleb et sa Berthe, pour se consoler et se soutenir l’un l’autre, car elle savait qu’eux seuls pouvaient