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Page:Dickens - Le Grillon du foyer.djvu/90

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GRILLON DU FOYER

elle et lui toucha le bras. La jeune aveugle se retourna tout d’un coup et lui saisit les deux mains.

— Regardez mon visage, chère amie, charmante amie, dit Berthe. Lisez-y avec vos beaux yeux, et dites-moi si la vérité y est écrite.

— Chère Berthe, oui.

La jeune aveugle tournant vers elle sa figure pâle et privée de lumière, d’où s’échappaient de nombreuses larmes, lui adressa la parole en ces termes :

— Il n’existe pas dans mon âme un souhait ou une pensée qui ne soit pour votre bonheur, charmante May. Il n’est pas dans mon âme un gracieux souvenir, un souvenir plus profond et plus reconnaissant des soins et de l’affection que vous portez à l’aveugle Berthe, depuis que nous étions toutes deux enfants, si je puis dire que Berthe a eu une enfance. J’appelle sur votre tête toutes les bénédictions. Que vous rencontriez le bonheur sur vos pas ! Je ne le souhaite pas moins ardemment, ma chère May, dit-elle en la pressant tendrement contre elle, pas moins ardemment parce que aujourd’hui, en apprenant que vous alliez être sa femme, mon cœur a été presque brisé. Mon père ! May, Marie, pardonnez-moi à cause de ce qu’il a fait pour soulager la tristesse de ma vie d’aveugle, et à cause de la confiance que vous avez en moi, lorsque j’appelle le ciel à témoin que je ne pouvais lui souhaiter une femme plus digne de sa bonté.

En prononçant ces paroles, elle avait quitté les