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GRILLON DU FOYER.

causerie tout bas avec May, pendant que la vieille dame pérorait ; de sorte qu’avec ces petites occupations, qui lui étaient habituelles, elle trouva l’après-midi très courte. Enfin, comme il se faisait nuit, et comme son devoir était de remplir la tâche de Berthe dans le ménage, elle garnit le feu, balaya le foyer, dressa la table à thé, et alluma une chandelle. Après cela, elle joua un ou deux airs sur une harpe grossière, que Caleb avait fabriquée pour Berthe, et elle les joua très bien, car la nature l’avait douée d’une oreille aussi délicate pour la musique qu’elle aurait été bien faite pour être ornée de bijoux, si elle en avait eu à porter. À ce moment arriva l’heure du thé, et Tackleton vint pour le prendre et passer la soirée.

Caleb et Berthe étaient revenus quelques instants auparavant, et Caleb s’était assis pour s’occuper de son travail de l’après-midi. Mais il ne put rester assis, tant il était agité, le pauvre, par ses remords au sujet de sa fille. On était touché en le voyant assis sans rien faire sur sa chaise à travail, la regardant fixement, et disant en face d’elle : « L’ai-je trompée depuis son berceau, pour lui briser le cœur ! »

Lorsqu’il fut nuit et que le thé fut fait, que Dot n’eut rien plus à faire que de nettoyer les tasses, en un mot, ― car il faut que j’en vienne là, et il est inutile de tant tarder ― lorsque le moment fut venu d’attendre le retour du voiturier, en écoutant le bruit éloigné de ses roues, les manières de Dot changèrent, elle rougit et pâlit tour à tour, et elle ne put pas rester en place.