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GRILLON DU FOYER.

— Chut ! je vous montrerai, si vous venez avec moi.

Le voiturier l’accompagna sans dire un mot de plus. Ils traversèrent une cour où brillaient les étoiles ; et ils entrèrent par une porte latérale dans ce comptoir de Tackleton, où il y avait une fenêtre vitrée qui permettait de voir dans le magasin ; elle était fermée pendant la nuit. Il n’y avait pas de lumière dans le comptoir, mais il y avait des lampes dans le magasin long et étroit et par conséquent la fenêtre était éclairée.

— Un moment, dit Tackleton. Avez-vous le courage de regarder par cette fenêtre ?

— Pourquoi pas ? répondit le voiturier.

— Encore un moment, dit Tackleton. Pas de violence. Elle ne sert de rien. Elle est dangereuse. Vous êtes un homme fort, et vous pourriez commettre un meurtre avant de le savoir.

Le voiturier le regarda en face, et recula d’un pas comme s’il avait été frappé. Dans une enjambée il fut à la fenêtre, et il vit… Ô foyer souillé ! Ô fidèle Grillon ! Ô perfide femme !

Il la vit avec le vieillard, qui n’était plus vieux, mais droit et charmant, tenant à la main ses faux cheveux qui lui avaient ouvert l’entrée de cette maison désolée. Il vit qu’elle l’écoutait, tandis qu’il baissait la tête pour lui parler à l’oreille. Il les vit s’arrêter, il la vit, elle, se retourner de manière à avoir son visage, ce visage qu’il aimait tant, présent à sa vue ! et il la vit de ses propres mains ajuster la chevelure mensongère sur la