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GRILLON DU FOYER

tête de l’homme, en riant de sa nature peu soupçonneuse.

Il serra d’abord sa vigoureuse main droite, comme s’il avait voulu frapper un lion ; mais l’ouvrant aussitôt, il la déploya devant les yeux de Tackleton, ― car il aimait cette femme, même en ce moment, ― et quand ils eurent passé, il tomba sur un pupitre, faible comme un enfant.

Il était enveloppé jusqu’au menton, et occupé de son cheval et de ses paquets quand elle entra dans le salon, se préparant à rentrer dans la maison.

— Me voilà, John, mon cher ! bonne nuit, May ! bonne nuit, Berthe !

Pouvait-elle les embrasser ? Pouvait-elle être gaie en parlant ? Pouvait-elle montrer son visage sans rougir ? Oui, Tackleton l’observait de près ; et elle fit tout cela.

Tilly faisait taire le baby ; et elle passa et repassa une douzaine de fois devant Tackleton, en répétant lentement : son père ne l’a-t-il trompée dès son berceau que pour lui briser le cœur à la fin !

— Tilly, donnez-moi le baby. Bonne nuit, M. Tackleton. Où est John, mon Dieu ?

— Il est allé se promener, dit Tackleton en l’aidant à s’asseoir.

— Mon cher John, se promener ? ce soir ?

La figure empaquetée de son mari fit un signe affirmatif ;