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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/157

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« Ceci est fort généreux de ta part, mon petit Pip, dit-il, et c’est avec reconnaissance que je reçois ton cadeau, bien que je ne l’aie pas plus cherché ici qu’ailleurs. Et maintenant, mon petit Pip, continua Joe en me faisant passer du chaud au froid instantanément, car il me semblait que cette expression familière s’adressait à miss Havisham ; et maintenant, mon petit Pip, pouvons-nous faire notre devoir ? Peut-il être fait par tous deux, ou bien par l’un ou par l’autre, ou bien par ceux qui nous ont offert ce généreux présent… pour être… une satisfaction pour le cœur de ceux… qui… jamais… »

Ici Joe sentit qu’il s’enfonçait dans un dédale de difficultés inextricables, mais il reprit triomphalement par ces mots :

« Et moi-même bien plus encore ! »

Cette dernière phrase lui parut d’un si bon effet, qu’il la répéta deux fois.

« Adieu, Pip, dit miss Havisham. Reconduisez-les, Estelle.

— Dois-je revenir, miss Havisham ? demandai-je.

— Non, Gargery est désormais ton maître. Gargery, un mot. »

En sortant, je l’entendis dire à Joe d’une voix distincte :

« Ce petit s’est conduit ici en brave garçon, et c’est sa récompense. Il va sans dire que vous ne compterez sur rien de plus. »

Je ne sais comment Joe sortit de la chambre ; je n’ai jamais bien pu m’en rendre compte, mais je sais qu’au lieu de descendre, il monta tranquillement à l’étage supérieur, qu’il resta sourd à toutes mes observations et que je fus forcé de courir après lui pour le remettre dans le bon chemin. Une minute après, nous étions sortis, la porte était refermée, et Estelle était partie !