Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/159

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— … De recevoir des dames, ajouta Joe avec un grand soupir.

— C’est bien, dit ma sœur, en jetant un regard adouci à M. Pumblechook. Elle aurait pu envoyer ses excuses un peu plus tôt, mais il vaut mieux tard que jamais. Et qu’a-t-elle donné à ce jeune gredin-là ?

— Rien ! dit Joe, rien !… »

Mrs Joe allait éclater, mais Joe continua :

« Ce qu’elle donne, elle le donne à ses parents, c’est-à-dire elle le remet entre les mains de sa sœur mistress J. Gargery… Telles sont ses paroles : J. Gargery. Elle ne pouvait pas savoir, ajouta Joe avec un air de réflexion, si J. veut dire Joe ou Jorge. »

Ma sœur se tourna du côté de Pumblechook, qui polissait avec le creux de la main, les bras de son fauteuil, et lui faisait des signes de tête, en regardant alternativement le feu et elle, comme un homme qui savait tout et avait tout prévu.

« Et combien avez-vous reçu ? demanda ma sœur en riant.

—Que penserait l’honorable compagnie, de dix livres ? demanda Joe.

— On dirait, repartit vivement ma sœur, que c’est assez bien… ce n’est pas trop… mais enfin, c’est assez…

— Eh bien ! il y a plus que cela, » dit Joe.

Cet épouvantable imposteur de Pumblechook s’empressa de dire, sans cesser toutefois de polir le bras de son fauteuil :

« Plus que cela, ma nièce…

— Vous plaisantez ? fit ma sœur.

— Non pas, ma nièce, dit Pumblechook ; mais attendez un peu. Continuez, Joseph, continuez.

— Que dirait-on de vingt livres ? continua Joe.