Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/262

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fleurs desséchés, des carreaux brisés, des amas de poussière et de misérables haillons, pendant que les écriteaux : À LOUER — À LOUER — À LOUER — À LOUER, se penchaient sur moi en dehors des chambres vides, comme si de nouveaux infortunés ne pouvaient se résoudre à les occuper, et que la vengeance de l’âme de Barnard devait être lentement apaisée par le suicide successif des occupants actuels et par leur enterrement non sanctifié. Un linceul, dégoûtant de suie et de fumée, enveloppait cette création abandonnée de Barnard. Voilà tout ce qui frappait la vue aussi loin qu’elle pouvait s’étendre, tandis que la pourriture sèche et la pourriture humide et toutes les pourritures muettes qui existaient de la cave au grenier, également négligés, la mauvaise odeur des rats et des souris, des punaises et des remises qu’on avait sous la main, s’adressaient à mon sens olfactif et semblaient gémir à mes oreilles :

« Voilà la Mixture de Barnard, essayez-en. »

Cela réalisait si peu la première de mes grandes espérances, que je jetai un regard de désappointement sur M. Wemmick.

« Ah ! dit-il en se méprenant, cette retraite vous rappelle la campagne ; c’est comme à moi. »

Il me conduisit par un coin en haut d’un escalier qui me parut s’effondrer lentement sous la poussière dont il était encombré ; de sorte qu’au premier jour les locataires de l’étage supérieur, en sortant de chez eux, pouvaient se trouver dans l’impossibilité de descendre. Sur l’une des portes, on lisait : M. POCKET JUNIOR, et écrit à la main, sur la boîte aux lettres : va bientôt rentrer.

« Il ne pensait sans doute pas que vous seriez arrivé si matin, dit M. Wemmick. Vous n’avez plus besoin de moi ?