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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/263

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— Non, je vous remercie, dis-je.

— Comme c’est moi qui tiens la caisse, dit M. Wemmick, il est probable que nous nous verrons assez souvent. Bonjour !

— Bonjour ! »

J’avançai la main, et M. Wemmick commença par la regarder, comme s’il croyait que je lui demandais quelque chose, puis il me regarda, et dit en se reprenant :

« Oh ! certainement oui… vous avez donc l’habitude de donner des poignées de main ? »

J’étais quelque peu confus, en pensant que cela n’était plus de mode à Londres ; mais je répondis que oui.

« J’en ai si peu l’habitude maintenant, dit M. Wemmick ; cependant, croyez que je suis bien aise de faire votre connaissance. Bonjour. »

Quand nous nous fûmes serré les mains et qu’il fut parti, j’ouvris la fenêtre donnant sur l’escalier, et je manquai d’avoir la tête coupée, car les cordes de la poulie étaient pourries et la fenêtre retomba comme une guillotine[1]. Heureusement cela fut si prompt que je n’avais pas eu le temps de passer ma tête au dehors. Après avoir échappé à cet accident, je me contentai de prendre une idée confuse de l’hôtel à travers la fenêtre incrustée de poussière, regardant tristement dehors, et me disant que décidément Londres était une ville infiniment trop vantée.

L’idée que M. Pocket junior se faisait du mot « bientôt, » n’était certes pas la mienne, car j’étais devenu presque fou, à force de regarder dehors, et

  1. On ne connaît à Londres que les fenêtres à guillotine, mais dans les maisons convenablement tenues, elles sont très-bien agencées et fonctionnent très-régulièrement.