Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/318

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bagatelles sans importance, faites de la main de l’heureux possesseur de ce muséum, et quelques pots à tabac, ornés par le vieux. Tout cela se voyait dans cette chambre du château, où j’avais été introduit tout d’abord, et qui servait non-seulement de salle de réception, mais aussi de cuisine, à en juger par un poêlon accroché au mur, et certaine mécanique en cuivre qui se trouvait au-dessus du foyer, et qui sans doute était destinée à suspendre le tourne-broche.

On était servi par une petite fille très-propre, qui donnait des soins au vieillard pendant le jour. Quand elle eut mis le couvert, le pont fut baissé pour lui donner passage, et elle se retira pour aller se coucher. Le souper était excellent, et bien que le château fût sujet à des odeurs de fumier ; qu’il eût un arrière-goût de noix gâtées ; et que le cochon aurait pu être tenu plus à l’écart, je fus me coucher, enchanté de la réception qui m’avait été faite. Comme il n’y avait aucune autre pièce au-dessus de ma petite chambre-tourelle et que le plafond qui me séparait du mât de pavillon était très-mince, il me sembla, lorsque je fus couché sur le dos dans mon lit, que ce bâton s’appuyait sur mon front et s’y balançait toute la nuit.

Wemmick était debout de très-grand matin, et je crains bien de l’avoir entendu cirer lui-même mes souliers. Après cela il se mit à jardiner et je le voyais, de ma fenêtre gothique, faisant semblant d’occuper le vieillard, et lui faisant des signes de tête de la manière la plus dévouée et la plus affectueuse. Notre déjeuner fut aussi bon que le souper, et à huit heures et demie précises, nous partîmes pour la Petite Bretagne. À mesure que nous avancions, Wemmick devenait de plus en plus sec et de plus en plus dur, et sa bouche reprenait la forme du trou d’une boîte aux lettres. À la fin,