Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 1.djvu/330

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allait déjà de tout cœur et se lavait les mains, comme pour ne rien garder de nous.

Je lui dis que j’étais remonté pour lui exprimer combien j’étais fâché qu’il se fût passé quelque chose de désagréable, et que j’espérais qu’il ne m’en voudrait pas beaucoup.

« Peuh !… dit-il en baignant sa tête et parlant à travers les gouttes d’eau. Ce n’est rien, Pip ; cependant je ne déteste pas cette araignée. »

Il s’était tourné vers moi, en secouant la tête, en soufflant et en s’essuyant.

« Je suis bien aise que vous l’aimiez, monsieur ; mais je ne l’aime pas, moi.

— Non, non, dit mon tuteur avec un signe d’assentiment ; n’ayez pas trop de choses à démêler avec lui… Tenez-vous aussi éloigné de lui que possible… Mais j’aime cet individu, Pip ; c’est un garçon de la bonne espèce. Ah ! si j’étais un diseur de bonne aventure ! »

Regardant par-dessus sa serviette, son œil rencontra le mien ; puis il dit, en laissant retomber sa tête dans les plis de la serviette et en s’essuyant les deux oreilles :

« Vous savez ce que je suis ?… Bonsoir, Pip.

— Bonsoir, monsieur. »

Environ un mois après cela, le temps que l’Araignée devait passer chez M. Pocket était écoulé, et au grand contentement de toute la maison, à l’exception de Mrs Pocket, Drummle rentra dans sa famille, et regagna son trou.

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