Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/87

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« Je ne puis m’empêcher de me fier à vous, bien que je sache que cela vous embarrasse ; mais c’est votre faute, puisque vous m’avez vous-même amené ici. »

Wemmick garda le silence pendant un moment, puis il dit avec une sorte d’élan :

« Sachez-le, monsieur Pip, je dois vous dire une chose, c’est que cela est diablement bien à vous !

— Dites que vous m’aiderez à faire le bien alors.

— Diable ! répliqua Wemmick en secouant la tête, ça n’est pas mon affaire.

— Ce n’est pas non plus ici votre maison d’affaires, dis-je.

— Vous avez raison, répondit-il ; vous frappez le clou sur la tête, monsieur Pip ; je vais y réfléchir, si vous le voulez bien, et je pense que tout ce que vous voulez faire peut être fait petit à petit. Skiffins (c’est le frère de mademoiselle) est un comptable ; je le verrai et lui dirai votre projet.

— Je vous remercie dix mille fois.

— Au contraire, dit-il, c’est à moi de vous remercier ; car, bien que nous agissions strictement sous notre responsabilité privée et personnelle, on peut dire cependant qu’il reste toujours autour de nous quelques toiles d’araignée de Newgate, et cela les enlève. »

Après avoir causé quelques moments de plus, nous rentrâmes au château, où nous trouvâmes miss Skiffins en train de préparer le thé. La responsabilité du pain rôti était laissée au vieux, et cet excellent homme y mettait une telle ardeur, que ses yeux me semblaient être en danger de fondre.

Le repas que nous allions faire n’était pas seulement nominal, c’était une vigoureuse réalité. Le vieillard avait préparé une telle pyramide de rôties bourrées,