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Page:Dickens - Les Grandes Espérances, Hachette, 1896, tome 2.djvu/86

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s’il n’en avait jamais été question auparavant. J’appris à Wemmick que j’étais inquiet sur le compte d’Herbert Pocket, et je lui dis comment nous nous étions d’abord rencontrés, et comment nous nous étions battus. Je dis quelques mots en passant de la famille d’Herbert, de son caractère, de son peu de ressources personnelles, et de la pension inexacte et insuffisante qu’il recevait de son père. Je fis allusion aux avantages que j’avais tirés de sa société dans mon ignorance primitive et mon peu d’usage du monde, et j’avouai que je craignais de ne l’avoir que fort mal payé de retour, et qu’il aurait mieux réussi sans moi et mes espérances. Tenant miss Havisham à un plan très-éloigné, je laissai entrevoir que j’aurais désiré prendre des arrangements avec lui pour son avenir, ayant la certitude qu’il possédait une âme généreuse, et qu’il était au-dessus de tout soupçon d’ingratitude ou de mauvais desseins.

« Pour toutes ces raisons, dis-je à Wemmick, et parce qu’il est mon compagnon et mon ami, et parce que j’ai une grande affection pour lui, je souhaiterais de faire refléter sur lui quelques rayons de ma bonne fortune, et, en conséquence, je viens demander conseil à votre expérience et à votre connaissance des hommes et des affaires, et savoir de vous comment, avec mes ressources, je pourrais assurer à Herbert un revenu réel, une centaine de livres par an, par exemple, pour le tenir en bon espoir et bon courage, et graduellement lui acheter une petite part dans quelque association. »

En concluant, je priai Wemmick de bien comprendre que je désirais tenir ce service secret, sans qu’Herbert en eût connaissance ou soupçon, et qu’il n’y avait personne autre au monde à qui je pusse demander conseil. Je terminai en posant ma main sur son épaule, et en disant :