Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/161

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— Maintenant, vous illuminez la maison voisine, monsieur.

— Bonté divine !… s’écria M. Pickwick en se détournant encore.

— Voilà que vous éclairez l’écurie, et l’on croira que le feu y est. Fermez la cloison, monsieur ; est-ce que vous ne pouvez pas ?

— C’est la lanterne la plus extraordinaire que j’aie jamais rencontrée dans toute ma vie ! s’écria M. Pickwick, grandement abasourdi par les effets pyrotechniques qu’il avait produits sans le vouloir. Je n’ai jamais vu de réflecteur si puissant.

— Il sera trop puissant pour nous, si vous le tenez flambant de cette manière ici, monsieur, répliqua Sam, comme M. Pickwick, après d’autres efforts inutiles, parvenait à fermer la coulisse. J’entends les pas de la jeune lady, monsieur Winkle, monsieur, oup là !

— Arrêtez, arrêtez !… dit M. Pickwick. Je veux lui parler d’abord ; aidez-moi, Sam.

— Doucement, monsieur, répondit Sam en plantant sa tête contre le mur et faisant une plate-forme de son dos. Montez sur ce pot de fleur ici, monsieur. Allons maintenant, oup !

— J’ai peur de vous blesser, Sam.

— Ne vous inquiétez pas, monsieur. Aidez-le à monter, monsieur Winkle. Allons, monsieur, allons ! voilà le moment. »

Sam parlait encore, et déjà M. Pickwick était parvenu à lui grimper sur le dos, par des efforts presque surnaturels chez un gentleman de son âge et de son poids. Ensuite Sam se redressa doucement, et M. Pickwick, s’accrochant au sommet du mur, tandis que M. Winkle le poussait par les jambes, ils parvinrent de cette façon à amener ses lunettes juste au niveau du chaperon.

« Ma chère, dit M. Pickwick, en regardant par-dessus le mur et en apercevant de l’autre côté Arabella, n’ayez pas peur ma chère, c’est seulement moi.

— Oh ! je vous en supplie, monsieur Pickwick, allez-vous-en ! Dites-leur de s’en aller ; je suis si effrayée ! Cher monsieur Pickwick, ne restez pas là ; vous allez tomber et vous tuer, j’en suis sûre.

— Allons, ma chère enfant, ne vous alarmez pas, reprit M. Pickwick d’un ton encourageant. Il n’y a pas le plus petit