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Page:Dickens - Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Hachette, 1893, tome 2.djvu/336

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donc sans délai leurs sanglantes hostilités, et tout Eatanswill fut effrayé de leur valeur… sur le papier.

Le jour suivant nos amis apprirent que les éditeurs étaient partis, dès le matin, par des voitures différentes, et comme le temps s’était éclairci, ils se mirent en route pour Londres.




CHAPITRE XXIII.

Annonçant un changement sérieux dans la famille Weller, et la chute prématurée de l’homme au nez rouge.


Croyant que la délicatesse ne lui permettait point de présenter, sans préparation, MM. Bob Sawyer et Ben Allen au nouveau ménage, et désirant ménager, autant que possible, la sensibilité d’Arabelle, M. Pickwick proposa à ses compagnons de descendre, pour le moment, quelque part et de le laisser aller seul, avec Sam, à l’hôtel de George et Vautour. Ils y consentirent facilement et prirent, en conséquence, leurs quartiers dans une taverne située sur les confins du Borough. Ils s’y trouvaient en pays de connaissance, car, en d’autre temps, leurs noms y avaient souvent brillé en tête de certains calculs longs et complexes enregistrés à la craie derrière la porte.

« Tiens, c’est vous ? Bonjour, monsieur Weller, dit la jolie femme de chambre, lorsqu’elle rencontra Sam à la porte.

— C’est toujours un bon jour quand je vous vois, ma chère, répondit Sam en restant en arrière, de manière à n’être pas entendu de son maître. Quelle jolie créature vous faites, Mary !

— Allons ! monsieur Weller, quelles folies vous dites ! Oh ! finissez donc, monsieur Weller.

— Finissez quoi, ma chère ?

— Eh ! mais ce que vous faites… Laissez-moi donc monsieur Weller, dit la jolie bonne en souriant et en poussant Sam contre le mur. Vous avez chiffonné mon bonnet, défrisé mes cheveux, et vous m’empêchez de vous dire qu’il y a ici une lettre qui vous attend depuis trois jours. Vous ne faisiez que de partir quand elle est arrivée, et il y a pressée dessus.

— Où est-elle, mon amour ?