Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 1.djvu/126

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entendu entre eux qu’on laisserait le poney s’y prendre pour cela comme il voudrait, ou qu’on n’en obtiendrait rien.

Comme la voiture passait près de l’endroit où il était assis, Kit regarda si attentivement ce petit équipage, que le vieux monsieur remarqua notre jeune garçon ; et Kit s’étant levé avec empressement, chapeau bas, le vieux monsieur ordonna au poney de s’arrêter, ordre auquel le poney se conforma gracieusement, cette partie des devoirs de sa charge lui étant rarement désagréable.

« Je vous demande pardon, monsieur, dit Kit. Je suis fâché que vous vous arrêtiez pour moi. Je voulais seulement vous demander si votre intention était de faire garder votre cheval.

— Je vais dans la rue voisine. Si vous voulez nous y suivre, vous aurez le pourboire. »

Kit le remercia et le suivit tout joyeux. Le poney prit son élan en décrivant un angle aigu pour examiner de près un lampadaire de l’autre côté de la rue, puis il revint par la tangente, de l’autre côté, vers un autre lampadaire qu’il voulait sans doute comparer avec le premier. Ayant satisfait sa curiosité et observé que les deux réverbères étaient de même modèle et de même matière, il fit un temps d’arrêt, sans doute pour se livrer à la méditation qui l’absorbait.

« Voulez-vous bien marcher, monsieur, dit le petit vieillard, ou votre intention est-elle de nous faire rester ici pour manquer notre rendez-vous ? »

Le poney resta immobile.

« Oh ! méchant Whisker ! dit la vieille dame. Fi ! fi donc ! … Je suis honteuse de votre conduite ! … »

Le poney parut touché de cet appel fait à ses sentiments : car il se remit à trotter, bien qu’avec une certaine humeur boudeuse, et ne s’arrêta plus qu’en arrivant à une porte où se trouvait une plaque de cuivre avec ces mots : WITHERDEN, NOTAIRE. Le vieux monsieur descendit, aida la vieille dame à descendre et tira du coffre, sous le siège, un immense bouquet ressemblant, pour la forme et la dimension, à une large bassinoire, moins le manche. La dame entra dans la maison, d’un air grave et majestueux, suivie de près par le vieux gentleman qui était pied bot.

Ils furent introduits, à ce qu’on put croire au son assourdi de leur voix, dans un parloir donnant sur le devant et qui parais-