Page:Dickens - Magasin d Antiquités, trad Des Essarts, Hachette, 1876, tome 2.djvu/123

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nant ses façons bruyantes aussi aisément qu’il les avait quittées, se montra au bout d’un instant le même tapageur, le même petit sans souci, le même viveur que quelques minutes auparavant. Il était dix heures précises quand l’aimable Sally sortit du Désert, soutenant son tendre et bien-aimé frère qui avait le plus grand besoin de l’appui fraternel que pouvait lui procurer ce corps délicat, son pas étant, pour une cause inconnue, fort loin d’être solide, et ses jambes ayant des dispositions à faire sans cesse des écarts et à se poser tout de travers.

Accablé, malgré les sommes prolongés qu’il avait faits, par les fatigues de ces jours derniers, le nain, ne perdit pas de temps pour se rendre à sa riante demeure, où bientôt il rêva dans son hamac.

Abandonnons-le à ses rêves, auxquels ne sont peut-être pas étrangères les douces figures que nous avons laissées sous le porche de la vieille église, et allons rejoindre nos voyageurs qui sont assis à regarder devant eux.






CHAPITRE XV.


Après un assez long temps, le maître d’école reparut à la petite porte du cimetière. Il accourait vers ses amis tenant à la main un trousseau de clefs rouillées que le mouvement de sa marche faisait tinter les unes contre les autres. La précipitation et le plaisir qu’il éprouvait l’avaient mis presque hors d’haleine lorsqu’il atteignit le porche : il ne put d’abord que montrer du doigt le vieux bâtiment que l’enfant avait contemplé avec tant d’attention.

« Vous voyez ces deux vieilles maisons ? dit-il enfin.

— Oui, certainement, répondit Nell. Je n’ai guère regardé qu’elles pendant toute votre absence.

— Et sans doute vous les eussiez regardées plus curieusement encore si vous aviez deviné ce que j’ai à vous dire. L’une de ces maisons sera la mienne. »

Sans s’expliquer davantage ni laisser à l’enfant le loisir de répliquer, le maître d’école prit la main de Nelly, qu’il mena, le