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NICOLAS NICKLEBY.

de Newman, descendit, prit un fiacre, et se fit conduire chez madame Wititterly, dont Newman lui avait donné l’adresse le soir précédent

Il était huit heures moins un quart quand ils atteignirent Cadogan place. Nicolas eut un moment peur que personne ne fût levé à cette heure ; mais il fut tiré d’incertitude par la vue d’une servante occupée à balayer les degrés de la porte. Ce fonctionnaire femelle l’adressa au page équivoque, qui parut tout ébouriffé, comme un page qui sort du lit.

Ce jeune homme lui apprit que miss Nickleby se promenait dans le jardin. Nicolas demanda si on pouvait l’y aller trouver, et le page répondit qu’il ne le croyait pas ; mais, stimulé par le présent d’un shilling, il devint plus confiant, et dit que la chose était possible.

— Dites à miss Nickleby que son frère est ici, et très-pressé de la voir.

Le page disparut avec une célérité qui ne lui était pas ordinaire ; et Nicolas parcourut la chambre dans un état d’agitation fiévreuse qui lui rendait le moindre délai insupportable. Il entendit bientôt un pas léger qu’il connaissait bien, et avant qu’il pût s’avancer à la rencontre de Catherine, elle se jeta à son cou et fondit en larmes.

— Ma tendre amie, que vous êtes pâle ! dit Nicolas en l’embrassant. — J’ai été si malheureuse, si misérable ici, mon cher frère ! dit en sanglotant la pauvre Catherine. Ne me laissez pas ici, mon cher Nicolas, ou je mourrai de désespoir. — Je ne vous laisserai nulle part, je ne vous abandonnerai plus… Il faut que vous sortiez d’ici de suite ; vous n’auriez pas dû y coucher cette nuit, mais j’ai été instruit trop tard. À qui puis-je parler avant de vous emmener ?

Cette question fut adressée très à propos, car en ce moment M. Wititterly entra, et Catherine lui présenta son frère, qui lui annonça immédiatement ses intentions et l’impossibilité de différer.

— Le trimestre, dit M. Wititterly avec la gravité d’un homme qui a raison, n’est pas encore à moitié : par conséquent… — Par conséquent, interrompit Nicolas, les appointements du trimestre doivent être perdus. Vous excuserez, Monsieur, cette extrême diligence ; mais les circonstances exigent que je retire ma sœur d’ici, et je n’ai pas un moment à perdre. J’enverrai chercher ses effets, si vous me le permettez, dans le courant de la journée

M. Wititterly s’inclina, mais ne chercha pas à s’opposer au départ immédiat de Catherine.