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NICOLAS NICKLEBY.

vous pas à le déclarer, si j’envoie prendre des renseignements auprès de vous ? — Pas le moins du monde. — Fort bien ; l’affaire est terminée, et voilà ce que j’aime.

Après avoir pris l’adresse de M. Snawley, le maître d’école eut à accomplir une tâche encore plus agréable : celle de prendre l’argent du premier terme payé d’avance ; il venait de signer le reçu, quand on entendit la voix de quelqu’un qui demandait M. Squeers.

— Me voici, répondit le maître d’école ; qu’y a-t-il ? — Une petite affaire, Monsieur, dit Ralph Nickleby se présentant, suivi de près par Nicolas : il y avait une annonce de vous dans les journaux de ce matin ? — Oui, Monsieur, dit Squeers ; voulez-vous vous asseoir ? — Mais je n’en serais pas fâché, répondit Ralph conformant l’action aux paroles et mettant son chapeau sur la table placée devant lui. Voici mon neveu, M. Nicolas Nickleby. — Comment vous portez-vous, Monsieur ? dit Squeers.

Nicolas salua, dit qu’il se portait à merveille, et parut très-étonné de l’extérieur grotesque du propriétaire du château de Dotheboys. — Peut-être vous souvenez-vous de moi ? dit Ralph regardant en face le maître d’école. — C’est vous qui pendant quelques années m’avez réglé un petit compte à chacun de mes voyages de semestre. — C’est moi, reprit Ralph. — Pour les parents d’un nommé Dorker, qui malheureusement… — Malheureusement mourut au château de Dotheboys, dit Ralph achevant la phrase. — Je me le rappelle très-bien, Monsieur. Ah ! Monsieur, madame Squeers avait autant d’affection pour cet enfant que s’il eût été le sien. Si vous saviez l’attention qu’elle lui a montrée pendant sa maladie ! Elle lui offrait des rôties et du thé matin et soir, à une époque où il ne pouvait plus rien avaler ; il y eut de la chandelle dans sa chambre à coucher la nuit même de sa mort, et le meilleur dictionnaire de la classe lui servait d’oreiller. Je ne regrette point tous ces soins, il est doux de penser qu’on a fait son devoir.

Ralph sourit et promena ses regards sur les personnes présentes. L’enfant campé sur la malle et ses nouveaux camarades s’observaient avec de grands yeux, sans prononcer un mot, et faisaient une multitude de contorsions singulières, selon l’usage des enfants qui se voient pour la première fois.

— Voici quelques-uns de mes élèves, dit Wackford Squeers. Monsieur est un parent qui a la bonté de me féliciter du système d’éducation adopté au château de Dotheboys, qui est situé dans le délicieux village de Dotheboys, près de Greta-Bridge (Yorkshire), où les enfants sont nourris, habillés, blanchis, fournis de livres