Page:Dickens - Nicolas Nickleby, trad. Lorain, 1885, tome 2.djvu/281

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« Une lettre de M. Nickleby, le porteur attend la réponse.

— Ne voudriez-vous pas prendre… ?

Newman leva les yeux, tout alléché, en faisant claquer ses lèvres.

« Une… chaise ? dit Arthur Gride.

— Non, répondit Newman ; merci. »

Arthur ouvrit la lettre d’une main tremblante, en dévora le contenu avec une avidité sans pareille, la relut plusieurs fois, toujours avec un rire étouffé. Il n’avait pas le courage de la quitter des yeux. Enfin, il la lut et relut tant de fois, que Newman crut devoir lui rappeler qu’il était là à l’attendre.

« Réponse, dit-il ; le porteur attend.

— C’est vrai, répliqua le vieil Arthur ; oui, oui, ma foi, je l’avais presque oublié.

— Je voyais bien que vous l’oubliiez, dit Newman.

— Vous avez bien fait de m’en faire ressouvenir, monsieur Noggs, vraiment oui, dit Arthur. Je vais écrire deux mots ; vous me voyez… vous me voyez… un peu agité, monsieur Noggs, c’est que la nouvelle est…

— Mauvaise ? interrompit Newman.

— Non, monsieur Noggs, je vous remercie, bonne, bonne, au contraire ; la meilleure nouvelle du monde. Je vais prendre une plume et de l’encre pour écrire deux mots de réponse ; je ne veux pas vous retenir longtemps ; je sais, monsieur Noggs, que vous êtes un vrai trésor pour votre maître, et qu’il ne peut se passer de vous ; aussi, quand il parle de vous, c’est dans des termes qui vous étonneraient vous-même. C’est comme moi, je vous prie de croire, je n’en parle pas autrement non plus.

— Oui, se dit Newman en le voyant sortir pour chercher son écritoire, je me le rappelle bien ; je donne M. Noggs au diable de tout mon cœur, voilà comment vous en parlez. »

Gride, en sortant, avait laissé tomber la lettre par terre ; Newman, poussé par la curiosité de savoir la tournure que prenait le complot dont il avait entendu dresser le plan du fond de son armoire, commença par regarder avec soin si personne ne pouvait le voir, puis la ramassa et lut rapidement ce qui suit :

« Gride,

J’ai revu Bray ce matin, et, selon votre désir, j’ai proposé de faire le mariage après-demain. Il n’y a pas d’objection de sa part, quant à elle, elle ne tient pas à un jour plus qu’à l’autre.