Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/112

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dans un labyrinthe de rues sombres et étroites, et avec une rapidité qui rendait complètement inintelligibles les quelques cris qu’il osait pousser. Qu’importait d’ailleurs qu’ils fussent intelligibles, puisque personne n’était là pour s’en inquiéter ?

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Les becs de gaz étaient partout allumés ; Mme Badwin attendait avec anxiété à la porte de la maison ; vingt fois la servante avait couru au bout de la rue pour tâcher d’apercevoir Olivier, et les deux vieux messieurs restaient obstinément assis dans le cabinet, au milieu de l’obscurité, et les yeux fixés sur la montre.


CHAPITRE XVI.
Ce que devint Olivier Twist, après qu’il eut été réclamé par Nancy.

Après avoir franchi nombre de rues étroites et de passages détournés, Sikes, Nancy et Olivier arrivèrent à un vaste espace découvert, que des claies et des parcs à troupeaux désignaient pour un marché au bétail. Là, Sikes ralentit le pas, car la jeune fille ne pouvait soutenir plus longtemps l’allure rapide qu’ils avaient prise jusqu’alors ; il se tourna vers Olivier, et lui enjoignit d’un ton brutal de prendre la main de Nancy.

« M’entends-tu ? » gronda-t-il en voyant Olivier hésiter et regarder aux alentours.

Ils étaient dans un endroit sombre, loin de tout passant, et Olivier ne vit que trop clairement qu’il n’y avait pas de résistance possible ; il tendit la main à Nancy qui la lui serra étroitement.

« Donne-moi l’autre, dit Sikes ; ici, Turc ! »

Le chien leva la tête en grondant.

« Tiens, mon brave, ajouta Sikes en mettant la main sur la gorge d’Olivier et en proférant un affreux jurement, s’il souffle un mot, jette toi là-dessus ! tu comprends ? »

Le chien grogna de nouveau, se lécha le museau, et regarda Olivier comme s’il avait envie de lui sauter à la gorge, sans plus tarder.