Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/117

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« Ils appartiennent au vieux monsieur, dit Olivier en se tordant les mains ; au bon et généreux vieux monsieur qui m’a reçu chez lui, qui m’a soigné quand j’étais mourant ; renvoyez-les-lui, je vous en conjure ; renvoyez-lui les livres et l’argent ; gardez-moi ici toute ma vie ; mais je vous en prie, je vous en supplie, renvoyez-les-lui. Il croira que je l’ai volé ! La vieille dame, et tous ceux qui ont été si bons pour moi, croiront que je suis un voleur ; oh ! ayez pitié de moi et renvoyez-les-lui ! »

En parlant ainsi, avec l’énergie que donne une poignante douleur, Olivier tomba à genoux aux pieds du juif, en joignant les mains d’un air suppliant et désespéré.

« Ce garçon a raison, observa Fagin en jetant autour de lui un coup d’œil sournois, et en fronçant tant qu’il pouvait ses affreux sourcils. Tu as raison, Olivier, tu as raison. On croira que tu es un voleur ; ah ! ah ! ajouta-t-il en se frottant les mains ; ça se trouve à merveille, et nous ne pouvions rien souhaiter de mieux.

— Sans doute, répondit Sikes ; j’y ai songé dès que je l’ai vu entrer dans Clerkenwell avec ses livres sous le bras. C’est tout simple, il faut que ce soient des gens confits en dévotion : autrement ils ne l’auraient pas pris chez eux. Ils ne le rechercheront pas, de crainte d’être obligés à des poursuites pour le faire enfermer ; il est en sûreté comme ça. »

Pendant ce dialogue, Olivier regardait tour à tour Fagin et Sikes d’un œil égaré, et comme s’il avait à peine conscience de ce qui se passait autour de lui ; mais aux derniers mots de Guillaume Sikes il se releva subitement, et s’élança, tout effaré, hors de la chambre, en criant au secours, de manière à réveiller tous les échos de la vieille maison délabrée.

« Ne laisse pas sortir ton chien, Guillaume ! s’écria Nancy en se précipitant vers la porte et en la fermant sur le juif et ses deux élèves, qui s’étaient élancés à la poursuite d’Olivier. Ne laisse pas sortir ton chien ; il mettrait cet enfant en pièces.

— Ce serait bien fait ! dit Sikes en se débattant pour se dégager de l’étreinte de la jeune fille. Lâche-moi, ou je te brise la tête contre le mur.

— Ça m’est égal, Guillaume, ça m’est égal, criait la jeune fille en luttant énergiquement contre cet homme ; l’enfant ne sera pas déchiré par le chien, ou tu me tueras la première.