Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

peuvent en dire autant feraient mieux de se taire : c’est mon opinion. »

Ceci allait tout droit à l’adresse de M. Grimwig, qui était resté garçon ; mais il se contenta de répondre par un sourire, et la vieille dame allait probablement continuer sa harangue, quand M. Brownlow lui imposa silence.

« Taisez-vous ! dit-il, en feignant une irritation qu’il était loin de ressentir ; que je n’entende jamais le nom de cet enfant ! C’est pour vous dire cela que j’ai sonné. Jamais, entendez-vous, jamais, sous aucun prétexte. Vous pouvez vous retirer, madame Bedwin. Souvenez-vous que je veux être obéi. »

Il y eut ce soir là des cœurs bien tristes chez M. Brownlow. Quant à Olivier, il était en proie à la plus vive douleur, en pensant à ses bons amis de Pentonville ; heureusement pour lui, il ignorait ce que leur avait conté le bedeau ; car il en serait mort de désespoir.


CHAPITRE XVIII.
Comment Olivier passait son temps dans la société de ses respectables amis.

Le lendemain vers midi, après que le Matois et maître Bates furent sortis pour vaquer à leurs occupations ordinaires, M. Fagin saisit l’occasion de faire à Olivier un long sermon sur l’affreux péché d’ingratitude, et lui montra clairement qu’il s’en était rendu coupable au premier chef, d’abord en s’éloignant volontairement de la société de ses amis, qu’il avait plongés dans l’inquiétude, et ensuite en essayant de leur échapper de nouveau, après qu’ils avaient pris tant de peine et dépensé tant d’argent pour le retrouver. M. Fagin insista surtout sur l’hospitalité qu’il avait donnée à Olivier, et sur l’amitié qu’il lui avait témoignée ; il lui fit sentir que, sans cette assistance, il serait probablement mort de faim ; puis il lui raconta l’effrayante histoire d’un jeune garçon qu’il avait secouru par charité, dans des circonstances semblables, mais qui s’était montré indigne de sa confiance, avait manifesté le désir d’entrer en relations avec la police, et avait malheureusement fini par se faire pen-