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Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/157

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plus loin, la route était coupée par un chemin transversal. La charrette s’arrêta.

Sikes descendit avec précipitation, sans lâcher la main d’Olivier ; puis il aida celui-ci à descendre, en lui lançant un regard furieux, et en portant la main, d’une manière significative, sur la poche au pistolet.

« Au revoir, mon garçon ! dit l’homme.

— Il est honteux, répondit Sikes en secouant vivement le bras de l’enfant ; il est honteux, ce petit nigaud ! n’y faites pas attention.

— Non certes, reprit l’autre en montant dans sa charrette. Tenez, voilà le temps qui se met au beau. »

Il fouetta son cheval et s’éloigna. Sikes attendit qu’il fût hors de vue ; alors il dit à Olivier qu’il pouvait regarder autour de lui s’il voulait, et ils continuèrent leur route.

À peu de distance de l’auberge ils tournèrent à gauche, puis à droite, et marchèrent longtemps droit devant eux. De beaux jardins, d’élégantes maisons de campagne, bordaient la route. Ils ne s’arrêtèrent que pour prendre un peu de bière, et arrivèrent enfin à une ville où Olivier vit écrit en grosses lettres sur un mur : Hampton. Ils rôdèrent dans les champs pendant quelques heures ; ils revinrent enfin dans la ville, entrèrent dans une vieille auberge dont l’enseigne était effacée, et se firent servir à dîner dans la cuisine, au coin du feu.

C’était une espèce de salle basse, avec une grosse poutre au milieu du plafond, et devant la cheminée des bancs à dossier élevé, sur lesquels étaient assis plusieurs hommes en blouse, occupés à boire et à fumer ; ils regardèrent à peine Sikes, et nullement Olivier. Sikes de son côté ne fit pas attention à eux, alla se placer dans un coin avec son jeune compagnon, et ne fut guère importuné par la compagnie.

On leur servit de la viande froide. Après le dîner, M. Sikes fuma trois ou quatre pipes, et resta si longtemps à table qu’Olivier commença à croire qu’ils n’iraient pas plus loin. Fatigué par une si longue marche, et étourdi par la fumée du tabac, il s’assoupit, et bientôt s’endormit profondément.

Il faisait tout à fait nuit quand Sikes le réveilla brusquement. En ouvrant les yeux, il vit son compagnon en conférence intime avec un paysan, avec lequel il buvait une pinte d’ale.

« Comme cela, vous allez au Bas-Halliford, n’est-ce pas ? demanda Sikes.