Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/161

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tait un habit marron, coupé à la dernière mode, et garni de gros boutons brillants, une cravate orange, un gilet à revers de couleur voyante, et un pantalon gris : M. Crackit (car c’était lui) avait peu de cheveux ; mais le peu qu’il en avait était d’une teinte rousse, et frisé en longs tire-bouchons, dans lesquels il passait de temps à autre ses doigts malpropres, ornés de grosses bagues communes. Sa taille était un peu au-dessus de la moyenne, et il semblait avoir les jambes assez faibles ; ce qui ne l’empêchait pas d’admirer ses bottes, qu’il contemplait avec une visible satisfaction.

« Guillaume, mon brave, dit-il en tournant la tête vers la porte, je suis enchanté de te voir ; je craignais presque que tu n’eusses renoncé à l’expédition, et dans ce cas je me serais risqué seul… Tiens ! qu’est-ce que c’est que ça ? »

Il poussa cette exclamation de surprise en apercevant Olivier ; il se mit sur son séant et demanda ce que cela voulait dire.

« C’est l’enfant, répondit Sikes en approchant sa chaise du feu.

— Un des abrentis de bonsieur Fagid, s’écria Barney en riant.

— De Fagin ? dit Tobie, en considérant Olivier ; ça fera un garçon sans pareil pour dévaliser les poches des vieilles dames à l’église ; il a une touche à faire fortune.

— Assez… assez là-dessus, » interrompit Sikes avec impatience ; et, se penchant vers son ami, il lui dit à l’oreille quelques mots qui firent rire M. Crackit de tout son cœur ; en même temps celui-ci toisait Olivier d’un air très étonné.

« Maintenant, dit Sikes en se rasseyant, si vous pouvez nous donner à boire et à manger en attendant, ça ne nous fera pas de mal ; à moi, du moins, ce qu’il y a de sûr. Assieds-toi près du feu, petit, et repose-toi : car tu auras encore à sortir avec nous cette nuit, mais pas pour aller loin. »

Olivier regarda timidement Sikes d’un air surpris, mais ne dit mot : il approcha un siège du feu, mit dans ses mains sa tête brûlante, et resta immobile, sachant à peine où il était et ce qui se passait autour de lui.

« Allons, dit Tobie, tandis que le jeune juif posait sur la table une bouteille et quelques provisions, au succès de l’entreprise ! »

Il se leva pour faire honneur au toast, posa soigneusement sa pipe dans un coin, s’approcha de la table, remplit