Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/20

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lation du sang au moyen de fréquents coups de canne. Quant à la société, on l’amenait tous les deux jours dans le réfectoire des enfants, et on lui administrait une verte correction, pour le bon exemple et l’édification des autres. Bien loin de lui refuser les avantages des consolations religieuses, on le faisait entrer, à coups de pieds, dans la salle, tous les soirs, à l’heure de la prière, et il avait la permission d’écouter, pour sa plus grande consolation, la prière de ses camarades, revue et augmentée par le conseil, dans laquelle ils demandaient d’être bons, vertueux, contents et obéissants, et d’être préservés des fautes et des vices d’Olivier Twist, qu’on présentait ainsi comme exclusivement placé sous le patronage et la protection de Satan, comme un échantillon direct des produits de la manufacture du diable.

Tandis que les affaires d’Olivier prenaient cette tournure favorable et avantageuse, il advint un matin que M. Gamfield, ramoneur de son métier, descendait la grande rue en se creusant la tête pour savoir comment il payerait plusieurs termes de loyer, pour lesquels son propriétaire devenait fort exigeant. Il avait beau supputer et calculer, il ne pouvait arriver au chiffre de cinq livres sterling dont il avait besoin. Dans son désespoir de ne pouvoir parfaire cette somme, il se frappait le front, puis frappait son baudet alternativement, lorsque, en passant devant le dépôt, il jeta les yeux sur l’affiche collée sur la porte.

« Oh, oh ! » dit M. Gamfield à son baudet.

Le baudet était en ce moment tout à fait distrait : il se demandait probablement s’il n’aurait pas à son déjeuner un ou deux trognons de choux pour se régaler, quand il serait débarrassé des deux sacs de suie qu’il traînait sur une petite charrette ; il ne prit pas garde à l’ordre de son maître et continua son chemin.

M. Gamfield adressa au baudet un gros juron, courut après lui, et lui appliqua sur la tête un coup qui eût brisé tout autre crâne que celui d’un baudet ; puis, saisissant la bride, il lui secoua rudement la mâchoire pour le rappeler à l’obéissance ; il lui fit ainsi faire volte-face et lui donna un autre coup sur la tête, de manière à l’étourdir jusqu’à son retour ; ensuite il monta sur le perron pour lire l’affiche.

Le monsieur au gilet blanc était debout devant la porte, les mains derrière le dos, après avoir opiné avec profondeur dans la salle du conseil ; il avait assisté à la petite dispute entre