Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/231

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’avoir blessé un de ses semblables, s’attacha avec ardeur à l’idée que le pistolet n’était pas chargé. Enfin, les agents de police, sans s’inquiéter beaucoup d’Olivier, laissèrent dans la maison le constable de Chertsey, et s’en allèrent coucher en ville, après avoir promis de revenir le lendemain matin.

Le lendemain matin, le bruit se répandit que deux hommes et un enfant, sur lesquels planaient des soupçons, avaient été arrêtés à Kingston ; MM. Blathers et Duff s’y rendirent sur-le-champ. Après examen, on découvrit que les soupçons ne s’appuyaient que sur un seul fait, savoir : qu’on avait trouvé ces individus endormis au pied d’une meule de foin ; c’est là un crime sans doute, mais qui n’entraîne que l’emprisonnement, et que la loi anglaise, loi miséricordieuse et tutélaire, ne considère pas comme suffisant pour établir, à défaut d’autre preuve, qu’un ou plusieurs dormeurs à la belle étoile aient commis un vol avec effraction, et aient encouru en conséquence la peine de mort. MM. Blathers et Duff durent s’en retourner comme ils étaient venus.

Enfin, après de nouvelles recherches et de longs entretiens, il fut convenu que Mme Maylie et M. Losberne répondraient d’Olivier s’il était recherché par la justice, et un magistrat du voisinage reçut leur caution. Blathers et Duff, après avoir été gratifiés de quelques guinées, revinrent à Londres, sans être du même avis relativement à leur expédition. Tout considéré, Duff inclina à croire que la tentative d’effraction avait été commise par la bande de Pet ; Blathers, au contraire, en attribuait le mérite au célèbre Conkey Chickweed.

Peu à peu, Olivier se rétablit : les soins réunis de Mme Maylie, de Rose et de l’excellent M. Losberne, lui rendirent la santé. Si le ciel écoute les ferventes prières que lui adressent les cœurs pénétrés de reconnaissance (et quelles prières méritent mieux d’être écoutées ?) les bénédictions que l’orphelin appela sur ses protecteurs durent descendre dans leur âme, et y répandre la paix et le bonheur.