Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/325

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— Vous travaillez dans quoi ? demanda Claypole qui reprenait un peu d’assurance.

— Je travaille dans ce genre d’affaires, et les gens de la maison aussi, dit Fagin. Vous avez mis le doigt sur ce qu’il vous fallait, et vous êtes ici aussi en sûreté que possible. Il n’y a pas d’endroit plus sûr à Londres que les Trois Boiteux,… surtout quand je prends mes mesures pour ça… Vous me revenez, vous et la jeune personne ; aussi, vous n’avez rien à craindre, c’est entendu ; soyez sans inquiétude. »

Si l’esprit de Claypole fut plus à l’aise après ces paroles, son corps ne le fut certainement pas. Le pauvre garçon se tournait, se retournait, prenait les positions les plus étranges et regardait tout le temps son nouvel ami d’un air de défiance et de crainte.

« J’ajouterai de plus, dit le juif après avoir rassuré Charlotte en lui faisant de petits signes d’amitié et d’encouragement, que j’ai un ami qui pourra, je le pense, satisfaire votre désir et vous lancer dans le bon chemin. Vous choisirez naturellement le genre qui vous ira le mieux pour commencer, et mon ami vous mettra au courant des autres.

— On dirait que vous parlez sérieusement ? fit Noé.

— Pourquoi plaisanterais-je ? dit le juif en haussant les épaules. Allons ! venez un moment dehors, que je vous parle en particulier.

— Ce n’est pas la peine de nous déranger, dit Noé en allongeant tout doucement ses jambes. Pendant que nous causerons, elle portera les paquets là haut. Charlotte, occupe-toi de ces paquets. »

Cet ordre, donné avec la plus grande dignité, fut exécuté sans le moindre murmure, et Charlotte emporta, comme elle put, les paquets pendant que Noé tenait la porte ouverte et la regardait s’éloigner.

« Je l’ai pas mal formée comme ça ; qu’en dites-vous, monsieur ? demanda-t-il en reprenant sa place du ton d’un homme qui a apprivoisé quelque bête sauvage.

— C’est parfait ! dit Fagin en lui donnant un petit coup sur l’épaule. Vous êtes un génie, mon cher.

— Sans ça, je ne serais pas ici, dit Noé. Mais voyons, si nous perdons notre temps, elle va revenir.

— Eh bien ! dit le juif, qu’en pensez-vous ? Si mon ami vous plaît, pourriez-vous mieux faire que de vous associer à lui ?