Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’en offre cinquante de plus, et je vais le publier moi-même sur les lieux, si j’arrive à temps. Où est M. Maylie ?

— Henry ? répondit le docteur. Dès qu’il a vu votre ami ici présent monter sain et sauf en voiture avec vous, il est parti au galop pour se rendre à l’endroit où l’on traque l’assassin et se joindre à ceux qui le poursuivent.

— Et le juif ? dit M. Brownlow ; quelles nouvelles ?

— Il n’était pas encore pris, mais il le sera, sans nul doute ; il l’est peut-être déjà : on est sûr de l’avoir.

— Avez-vous pris votre parti ? demanda à voix basse M. Brownlow à M. Monks.

— Oui, répondit celui-ci ; vous… vous me garderez le secret ?

— Oui ; restez ici jusqu’à mon retour ; c’est votre unique chance de salut. »

M. Brownlow et le docteur sortirent et refermèrent la porte à clef.

« Eh bien ! où en êtes-vous ? Qu’avez-vous fait ? demanda tout bas le docteur.

— Tout ce que j’espérais, et même davantage : en réunissant les renseignements fournis par la jeune fille avec ceux que je possédais déjà, je ne lui ai laissé aucune échappatoire, et je lui ai montré clair comme le jour l’horreur de sa conduite. Veuillez écrire, je vous prie, et fixer le rendez-vous à après-demain soir, à sept heures ; nous serons là quelques heures d’avance, mais il faudra se reposer, et surtout Mlle Rose, qui aura peut-être besoin de plus de courage que ni vous ni moi ne pouvons en ce moment le prévoir. Mais mon sang bout dans mes veines à la pensée de venger cette pauvre fille assassinée ; quelle route ont-ils prise ?

— Allez droit au bureau de police, et vous arriverez encore assez à temps, répondit M. Losberne. Moi, je reste ici. »

Les deux amis se séparèrent aussitôt, en proie l’un et l’autre à une agitation violente.