Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/405

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la meilleure des amies ; mon cœur est suffoqué par l’émotion, je ne puis supporter tout cela.

— Et vous, lui dit Mme Maylie en l’embrassant tendrement, vous avez toujours été pour moi la meilleure et la plus charmante fille, et vous avez toujours fait le bonheur de tous ceux qui vous ont connue. Allons, mon amour, pensez aussi à ce pauvre enfant, qui veut vous serrer dans ses bras. Tenez ! tenez ! voyez-le.

— Elle n’est pas pour moi une tante, dit Olivier en lui passant ses bras autour du cou, mais une sœur, une sœur chérie ; oh ! Rose, dès que je vous ai connue, mon cœur me disait que je devais vous aimer ainsi. »

Respectons les larmes que versèrent ces deux orphelins, et les paroles entrecoupées qu’ils échangèrent en tombant dans les bras l’un de l’autre : ils retrouvaient et perdaient au même instant un père, une mère, une sœur ; leur joie était mêlée de douleur, et pourtant leurs larmes n’étaient pas amères : car la douleur même qui s’élevait dans leur âme était si bien adoucie par les doux et tendres souvenirs qui l’accompagnaient, qu’elle dépouillait toute sensation de peine, pour devenir seulement un plaisir solennel.

Ils restèrent longtemps seuls ; enfin on frappa doucement à la porte ; Olivier l’ouvrit, et, s’éloignant rapidement, céda la place à Henry Maylie.

« Je sais tout, dit celui-ci, en s’asseyant près de l’aimable jeune fille. Chère Rose, je sais tout. Je ne suis pas ici par hasard, ajouta-t-il après un long silence ; ce n’est pas aujourd’hui que j’ai tout appris, mais hier, seulement hier. Devinez-vous que je suis venu pour vous faire souvenir de votre promesse ?

— Arrêtez, dit Rose ; vous savez tout, dites-vous ?

— Tout. Vous m’avez permis de vous entretenir encore une fois du sujet de notre dernière entrevue.

— Oui.

— Je me suis engagé à ne pas insister pour modifier votre détermination et à vous demander seulement de me la faire connaître encore une fois ; j’ai promis de mettre à vos pieds ma position et ma fortune, et de ne rien dire ni rien faire pour vous ébranler, si vous persistiez dans votre première résolution.

— Les mêmes motifs qui me décidèrent alors me décident encore maintenant, dit Rose avec fermeté ; je comprends ce