Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/48

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meurtre et le vol, dès le berceau. Pauvre Noé ! il était presque tué quand je suis entrée.

— Pauvre garçon ! » dit Mme Sowerberry en jetant un regard de compassion sur l’apprenti.

Noé, qui avait la tête et les épaules de plus qu’Olivier, se frottait les yeux avec la paume des mains tandis qu’on s’apitoyait ainsi sur son sort, et sanglotait de son mieux.

« Qu’allons-nous faire ? s’écria Mme Sowerberry ; mon mari est sorti, il n’y a point d’homme à la maison ; et Olivier va enfoncer la porte à coups de pied avant dix minutes. »

Les violentes secousses que celui-ci imprimait à la porte du cellier rendaient en effet ce résultat assez probable.

« Mon Dieu ! mon Dieu ! je n’en sais rien, madame, dit Charlotte… Si nous faisions venir la police ?

— Ou la garde ? ajouta M. Claypole.

— Non, non, dit Mme Sowerberry se souvenant de l’ancien ami d’Olivier. Noé, courez chez M. Bumble et dites-lui de venir tout de suite, de ne pas perdre une minute ; ne cherchez pas votre casquette. Dépêchez-vous ; vous n’avez en chemin qu’à tenir un couteau appliqué sur votre œil, cela fera diminuer l’enflure. »

Noé n’en attendit pas davantage et s’élança dehors au plus vite. Les gens qui étaient dans les rues s’étonnèrent de voir un garçon de l’école de charité courir ainsi à perdre haleine, sans casquette et une lame de couteau sur l’œil.





CHAPITRE VII.
Olivier persiste dans sa rébellion.


Noé Claypole courut à toutes jambes et ne s’arrêta pour reprendre haleine qu’à la porte du dépôt de mendicité. Il attendit une minute environ, afin de recommencer ses sanglots de plus belle, et de donner à sa figure une expression de douleur et de terreur violente ; puis il frappa rudement à la porte, et présenta au vieil indigent qui vint lui ouvrir une physionomie si piteuse que celui-ci, bien qu’habitué à ne voir autour de lui que des visages malheureux, recula d’étonnement.