Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/66

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tes, au grand étonnement d’Olivier, qui ne voyait là rien de risible.

« Et toi, mon ami, qu’est-ce que tu rapportes ? dit Fagin à Charlot Bates.

— Des mouchoirs, répondit maître Bates, et il en tira quatre de sa poche.

— Bien, dit le juif, en les examinant minutieusement, ils sont bons, très bons ; mais tu ne les as pas bien marqués, Charlot. Il faudra ôter les marques avec une aiguille ; nous montrerons à Olivier comment il faut s’y prendre ; n’est-ce pas, Olivier ? Ha ! ha !

— Comme vous voudrez, monsieur, dit Olivier.

— Tu aimerais à faire le mouchoir aussi bien que Charlot Bates, n’est-ce pas, mon ami ? demanda le juif.

— De tout mon cœur, monsieur, si vous voulez m’instruire, » répondit Olivier.

Maître Bates trouva cette réponse si plaisante qu’il poussa un nouvel éclat de rire ; mais comme il était en train d’avaler son café, il faillit suffoquer.

« Il est si innocent ! » dit-il, dès qu’il put parler, comme pour s’excuser auprès de la compagnie de son impolitesse.

Le Matois ne dit rien ; mais il passa la main dans les cheveux d’Olivier, et les lui fit tomber sur les yeux, en ajoutant qu’il serait bientôt au fait. Le vieux monsieur, qui vit le rouge monter au visage de l’enfant, changea la conversation et demanda si l’exécution qui avait eu lieu le matin avait attiré une grande foule. L’étonnement d’Olivier redoubla : car il était évident, d’après la réponse des jeunes garçons, qu’ils y avaient tous deux assisté, et il était étrange qu’ils eussent trouvé le temps de si bien travailler.

Après le déjeuner, le plaisant vieillard et les deux jeunes gens se livrèrent à un jeu curieux et bizarre ; voici en quoi il consistait : le juif mit une tabatière dans une des poches de son pantalon, un carnet dans l’autre, dans son gousset une montre attachée à une chaîne de sûreté qu’il passa à son cou ; il piqua une épingle de faux diamant dans sa chemise, boutonna son habit jusqu’en haut, et mettant dans ses poches son mouchoir et son étui à lunettes, il se promena de long en large dans la chambre, une canne à la main, tout comme nos vieux messieurs se promènent dans la rue ; tantôt il s’arrêtait devant le feu, et tantôt à la porte, comme s’il contemplait attentivement l’étalage des boutiques. Parfois il jetait autour de lui des