Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/94

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fit de l’état, ne répondit pas à Nancy ; elle passa à la cellule suivante et frappa à la porte.

« Qu’est-ce ? demanda une voix faible et tremblante.

— Y a-t-il là un petit garçon ? dit Nancy d’un ton larmoyant.

— Non, répondit la voix ; que Dieu l’en préserve ! »

Celui qui parlait ainsi était un vagabond de soixante-cinq ans, qu’on avait mis en prison pour n’avoir pas joué de la flûte, ou, en d’autres termes, pour avoir mendié dans la rue au lieu de faire quelque chose pour gagner sa vie. Dans la troisième cellule était un autre individu, condamné aussi à l’emprisonnement pour avoir vendu des casseroles sans permis, et pour avoir par conséquent cherché à gagner sa vie au détriment du timbre.

Comme aucun de ces criminels ne répondait au nom d’Olivier, ni ne pouvait en donner des nouvelles, Nancy alla droit à l’agent de police au gilet rayé dont nous avons déjà parlé, et, avec des sanglots et des lamentations dont elle augmentait l’effet en agitant sa clef et son panier, elle réclama son cher petit frère.

« Il n’est pas ici, ma chère, dit l’agent.

— Où est-il ? s’écria Nancy d’un air égaré.

— Le monsieur l’a emmené, répondit l’agent.

— Quel monsieur ? Oh ! mon Dieu ! mon Dieu ! Quel monsieur ? » cria Nancy.

Pour répondre à ces questions incohérentes, l’agent informa la pauvre sœur éplorée qu’Olivier était tombé évanoui dans le bureau de police, qu’il avait été renvoyé de la plainte parce qu’un témoin avait prouvé que le vol avait été commis par un autre, et qu’il avait été emmené sans connaissance, par le plaignant, à la maison de ce dernier, qui devait être du côté de Pentonville ; car ce nom avait été prononcé en donnant l’adresse au cocher.

La jeune femme, dans un état affreux d’anxiété, regagna la porte en chancelant. Puis tout à coup, prenant sa course, elle revint à la demeure du juif par le chemin le plus détourné.

M. Guillaume Sikes n’eut pas plutôt connu le résultat de la démarche de Nancy, qu’il appela vite son chien, mit son chapeau, et sortit précipitamment sans perdre son temps à dire adieu à la compagnie.

« Il faut que nous sachions où il est, mes amis ; il faut le retrouver, dit le juif avec émotion ; Charlot, tu vas aller par-