Page:Dickens - Olivier Twist.djvu/98

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Olivier alla frapper à la porte du cabinet, et, quand M. Brownlow lui eut dit d’entrer, il se trouva dans une petite pièce garnie de livres, dont la fenêtre donnait sur de jolis jardins. Près de la fenêtre était une table, devant laquelle M. Brownlow était assis, occupé à lire. En voyant Olivier, il posa son livre, et dit à l’enfant d’approcher et de s’asseoir près de la table. Olivier obéit, en s’étonnant qu’on pût trouver des gens pour lire tant de volumes, écrits, selon toute apparence, dans le but de rendre le monde plus savant ; sujet d’étonnement continuel pour des gens plus expérimentés qu’Olivier Twist.

« Voilà bien des livres, n’est-ce pas, mon garçon ? dit M. Brownlow, en observant la curiosité avec laquelle Olivier considérait les rayons qui garnissaient les murs du haut en bas.

— Oui, monsieur, en voilà beaucoup, répondit Olivier ; je n’en ai jamais vu tant.

— Vous les lirez, dit le vieux monsieur avec bonté, et vous y trouverez plus de plaisir qu’à en regarder la reliure ; pas toujours cependant, car il y a des livres dont la couverture fait tout le prix.

— Ce sont peut-être ces gros-là, monsieur, dit Olivier en montrant du doigt de forts in-quarto à reliure dorée.

— Pas toujours, dit le vieux monsieur en souriant et en donnant une petite tape à Olivier. Il y en a qui sont bien lourds, quoique d’un petit format. Aimeriez-vous à devenir savant et à écrire des livres, hein ?

— Je crois, monsieur, que j’aimerais à en lire, répondit Olivier.

— Comment ! fit M. Brownlow ; vous n’aimeriez pas à être auteur ?»

Olivier réfléchit un peu et finit par dire qu’il croyait qu’il valait beaucoup mieux être libraire. Le vieux monsieur rit de tout son cœur et déclara la réponse excellente ; ce qui réjouit Olivier, bien qu’il ne se doutât pas lui-même qu’il eût eu tant d’esprit.

« Eh bien, n’ayez pas peur, dit M. Brownlow en reprenant son sérieux ; nous ne ferons pas de vous un auteur tant qu’il y aura un honnête métier à vous apprendre, ne fût-ce que de gâcher du plâtre.

— Merci, monsieur, » dit Olivier ; et la vivacité de sa réponse fit encore rire le vieux monsieur, qui marmotta entre