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vraiment extraordinaires ; 2° Et, sans empiéter cependant sur la théorie de Blumenbach, d’après laquelle les descendants d’Adam ont une notable quantité d’instincts qui appartiennent plus au cochon qu’à aucune autre espèce d’animaux de la création, qu’il y a certains hommes qui sont particulièrement remarquables pour le soin rare qu’ils savent prendre de leur bien-être et de leurs intérêts.



CHAPITRE II.

Où l’on présente au lecteur certains personnages avec lesquels il pourra, si cela lui plaît, faire plus ample connaissance.


C’était vers la fin de l’automne. Le soleil, à son déclin, après avoir lutté contre le brouillard qui durant toute la journée l’avait voilé, jetait de brillants rayons sur un petit village du Wiltshire, situé à peu de distance de la belle et ancienne ville de Salisbury.

Comme un éclair soudain de mémoire ou d’intelligence qui s’éveille dans l’esprit d’un vieillard, le soleil répandait avant de s’éteindre son éclat sur le paysage, où la jeunesse et la force disparues semblèrent revivre de nouveau. L’herbe mouillée étincelait dans la lumière ; les étroites bandes de verdure dans les haies, où quelques petites branches encore vives avaient résisté bravement et se pressaient l’une contre l’autre pour mieux se défendre jusqu’à la fin contre les rigueurs des vents piquants et de la gelée du matin, reprenaient vie et courage ; le ruisseau, qui toute la journée avait été triste et endormi, s’était remis à rire gaiement ; les oiseaux commençaient à gazouiller sur les branches dénudées, comme si, l’espérance leur faisant illusion, ils fêtaient déjà le départ de l’hiver, le retour du printemps. La girouette placée sur la flèche aiguë de la vieille église scintillait au haut de son poste comme pour s’associer à la joie générale ; et des croisées voilées de lierre il s’échappait de tels rayons reflétés par le ciel embrasé, qu’il semblait que les paisibles maisons fussent le foyer concentré de la pourpre et de la chaleur de vingt étés.

Les signes mêmes de la saison, qui n’annonçaient que trop bien