montait à l’étage supérieur pour recevoir son adorateur mystérieux.
Celui-ci, par un heureux concours de circonstances, avait trouvé le salon, où il était assis tout seul.
« Ah ! cousine ! dit-il, me voici, vous voyez. Je parie que vous me croyiez perdu. Eh bien ! comment vous trouvez-vous ici ? »
Miss Charity répondit qu’elle se trouvait très-bien, et elle tendit la main à M. Jonas Chuzzlewit.
« À merveille, dit M. Jonas. Et vous avez oublié les fatigues du voyage, n’est-ce pas ? À propos… comment va l’autre ?
— Ma sœur va très-bien, je pense. Je ne l’ai entendue se plaindre d’aucune indisposition. Peut-être, monsieur, désirez-vous la voir et lui demander de ses nouvelles à elle-même ?
— Non, non, ma cousine, dit M. Jonas, s’asseyant près d’elle sur une des chaises de la croisée. Ne vous pressez pas. C’est inutile, vous comprenez. Quelle cruelle personne vous faites !
— Et comment pouvez-vous savoir, dit Cherry, si je suis cruelle ou non ?
— Ça, c’est vrai. Qu’est-ce que je disais donc ? ah ! je vous demandais si vous ne m’aviez pas cru perdu. Vous ne m’avez pas dit que oui.
— C’est que je n’y ai seulement pas pensé, répondit Cherry.
— Vraiment ! vous n’y avez pas pensé ? dit Jonas, devenu soucieux à cette étrange réplique. Et l’autre ?
— Assurément je ne saurais vous dire ce que ma sœur a pu penser ou ne pas penser sur ce sujet. Mais ce qu’il y a de sûr, c’est que jamais, de manière ou d’autre, elle ne m’en a rien dit.
— Comment elle n’en a rien dit, pas même pour en rire ? demanda Jonas.
— Non, pas même pour en rire.
— Elle est pourtant terriblement rieuse ! dit Jonas, baissant la voix.
— Elle est très-vive, dit Cherry.
— La vivacité est une chose agréable quand elle ne donne pas des goûts dispendieux. N’est-il pas vrai ?
— Assurément, dit Cherry avec une gravité de manières qui donna à cet assentiment un caractère très-désintéressé.
— Une vivacité comme la vôtre, par exemple, dit Jonas en