Page:Dickens - Vie et aventures de Martin Chuzzlewit, 1866, tome1.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant que j’en pus juger dans l’obscurité, et je ne croyais pas les connaître : je me levai donc et les invitai à entrer dans la tribune de l’orgue et à s’y asseoir. « Non, » me dirent-ils ; ils n’en voulaient rien faire, mais ils me remerciaient pour la musique qu’ils venaient d’entendre. Et de fait, ajouta Tom en rougissant, ils dirent : « Musique délicieuse ! » ou du moins elle le dit ; et c’était pour moi plus de plaisir et d’honneur que n’eût pu m’en faire tout autre compliment. Je… je… vous demande pardon, monsieur… (Tom était tout tremblant et il ôta son chapeau pour la seconde fois) mais je… je suis tout troublé, et je crains de m’être écarté de mon sujet.

— Si vous voulez bien y revenir, Thomas, dit M. Pecksniff, d’un air de glace, vous m’obligerez.

— Oui, monsieur, certainement. Ils avaient à la porte de l’église une chaise de poste, et ils s’étaient arrêtés pour écouter l’orgue, à ce qu’ils me racontèrent. Ils me dirent alors, du moins elle me dit, je crois : « N’êtes-vous pas chez M. Pecksniff, monsieur ? » Je répondis que j’avais cet honneur, et je pris la liberté, monsieur, ajouta Tom en levant ses regards vers le visage de son bienfaiteur, de dire, comme je le dois et le ferai toujours, avec votre permission, que je vous ai de grandes obligations, et n’en pourrai jamais témoigner assez ma reconnaissance.

— Ceci était de trop, dit M. Pecksniff. Prenez votre temps, monsieur Pinch.

— Merci, monsieur, s’écria Pinch. Là-dessus, ils me demandèrent, oui, je me le rappelle, ils me demandèrent : « N’y a-t-il pas un chemin direct qui mène chez M. Pecksniff… »

Ici, M. Pecksniff parut prendre un vif intérêt au récit.

« Sans passer devant le Dragon ? » Quand je leur eus répondu qu’il y en avait un, et que je serais heureux de le leur montrer, ils renvoyèrent leur voiture par la route et m’accompagnèrent à travers la prairie. Je les ai laissés au tourniquet pour courir en avant et vous avertir qu’ils venaient, et ils seront ici, monsieur, avant une minute, ajouta Tom en reprenant haleine avec effort.

— Voyons, dit M. Pecksniff en appuyant sur les mots, quelles peuvent être ces personnes ?

— Dieu me pardonne, monsieur ! s’écria Tom, j’aurais dû commencer par là. Je les reconnus, elle surtout, dès le premier moment. C’est le gentleman qui, l’hiver dernier,