— Je retourne chez moi par le train qui va partir immédiatement. Partir est un mot inusité dans votre pays, monsieur.
— Pardon, dit Martin.
— Vous vous trompez, monsieur, répliqua le gentleman d’un ton péremptoire : mais laissons ce sujet, pour ne point réveiller vos préjugés ; monsieur, voici mistress Hominy. »
Martin salua.
« Mistress Hominy, monsieur, est la femme du major Hominy, un de nos esprits les plus distingués ; elle appartient à l’une de nos familles les plus aristocratiques. Peut-être connaissez-vous, monsieur, les ouvrages de mistress Hominy ? »
Martin ne put pas dire qu’il les connût.
« Vous trouverez en sa compagnie beaucoup d’instruction et de plaisir, monsieur, dit le gentleman. Mistress Hominy va se réunir jusqu’à la fin de la saison à sa fille qui est mariée, aux Nouvelles-Thermopyles, à trois journées en deçà d’Éden. Les attentions que vous pourrez témoigner en route à mistress Hominy seront très-agréables au major et à nos concitoyens. Mistress Hominy, je vous souhaite une bonne nuit, madame, et un bon voyage. »
Martin pouvait à peine ajouter foi à ce qu’il entendait ; mais le gentleman était déjà parti, et mistress Hominy était tranquillement en train de boire son lait.
« Je suis excédée de fatigue, je dois l’avouer, déclara-t-elle. Les cahots des wagons sont aussi rudes que si le rail était rempli de nœuds et de scieurs de long.
— De nœuds et de scieurs de long, madame ? dit Martin.
— Eh bien, quoi ? Je vois bien que vous aurez de la peine à me comprendre, monsieur, dit mistress Hominy. Voyons, dites-le, si c’est comme ça. »
Ces mots, bien qu’en apparence formulés sur le ton d’une prière impérieuse, n’exigeaient pourtant pas apparemment de réponse : car mistress Hominy, dénouant les rubans de son chapeau, ajouta sur-le-champ qu’elle allait déposer en lieu sûr cet article de toilette et qu’elle reviendrait immédiatement.
« Mark ! dit Martin, touchez-moi, s’il vous plaît. Suis-je éveillé ?
— C’est Hominy qui l’est, monsieur, répondit son associé ; parfaitement éveillée ! C’est juste l’espèce de femme qu’on