Soit qu’il fût agité par le souvenir de ce qu’il avait vu et entendu la nuit précédente, soit tout simplement qu’il eût fait l’agréable découverte qu’il n’avait rien à faire, M. Bailey, dans l’après-midi suivante, se sentit disposé à rechercher le plaisir d’une aimable compagnie et se hâta de partir pour aller voir son ami Poll Sweedlepipe.
À l’annonce bruyante que donna la petite sonnette de l’arrivée d’un visiteur (car M. Bailey l’avait tirée de toutes ses forces), Poll Sweedlepipe s’arracha à la contemplation d’un hibou favori et fit à son jeune ami un accueil empressé.
« Tiens, dit Poll, le jour vous avez encore bien meilleur mine qu’à la lumière. Jamais je n’ai vu un petit camarade si bien ficelé.
– C’est comme ça, Polly. Comment va notre belle amie Sairah ?
– Oh ! elle va très-bien, dit Poll. Elle est à la maison.
– Savez-vous, Poll, que Sairah a de beaux restes ? dit M. Bailey, d’un air d’indifférence coquette.
– Oh ! pensa Poll, est-il vieux pour son âge ! qui dirait cela à le voir ?
– Il y a trop de mie, par exemple ; elle est trop grosse, Poll. Mais il y a bien des femmes de son âge qui ne la valent pas.
– Le hibou lui-même en a les yeux tout écarquillés, pensa Poll ; ça ne m’étonne pas, de la part de l’oiseau de la sagesse. »
Poll venait d’aiguiser ses rasoirs, qui étaient encore étalés tout ouverts en rang d’oignons, tandis qu’un énorme cuir à repasser pendait à la muraille. À la vue de ces préparatifs, M. Bailey se frotta le menton ; une pensée subite sembla s’être présentée à son esprit.
« Ami Poll, dit-il, je n’ai pas le museau aussi frais que je voudrais. Puisque me voilà ici, je ne ferai pas mal de me faire raser et attifer un peu. »