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Page:Dictionnaire Bouillet 1842, tome 1.djvu/17

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VII

Malgré tant d’efforts, nous ne nous dissimulons pas combien ce livre pourra encore paraître incomplet ; nous ne nous flattons pas même d’avoir réussi à éviter toute erreur ; mais nous espérons que l’on voudra bien juger avec quelque indulgence un ouvrage comme celui-ci, qui contient plus de 40,000 articles, tous remplis de noms propres et de chiffres, et dont chaque ligne, chaque mot, pour ainsi dire, offrait un écueil.

Tel qu’il est cependant, nous avons la confiance que ce livre sera utile. S’adressant à toutes les classes de lecteurs, il rappellera aux uns des faits qu’ils étaient près d’oublier ; il donnera aux autres de premières notions que viendront compléter des études plus approfondies ; il fournira à tous les moyens de vérifier un fat, de retrouver une date, de comprendre une allusion. Il sera surtout du plus grand secours aux jeunes gens, et pourra s’adapter avec succès à toutes les formes et à tous ls degrés de l’enseignement. Au moyen d’un tel livre, le maître pourra satisfaire immédiatement la curiosité légitime de l’élève qui l’interroge sur un fait nouveau pour lui ; il pourra combattre chez quelques uns cette habitude, si funeste aux progrès de l’intelligence, de se contenter de mots auxquels ils n’attachent aucun sens, de sauter par dessus les difficultés sans les résoudre ; il pourra exiger de tous qu’ils rendent compte des noms propres qui se rencontreraient dans leurs lectures, et qu’ils fassent pour ainsi dire l’analyse historique comme on fait l’analyse grammaticale.

Voué à l’éducation de la jeunesse, l’auteur a surtout désiré être utile aux élèves de l’Université. Témoin de l’ardeur qu’ils apportent dans leurs études, ila voulu seconder leurs efforts et les aider pour sa part à surmonter quelques unes des difficultés qui les arrêtent à chaque pas. Il a cru pouvoir y réussir en mettant entre leurs mains un livre qui, suppléant aux grands ouvrages qu’ils n’ont ni le loisir ni les moyens de consulter, leur fournit sur le champ, d’une manière exacte et précise, les renseignements dont ils ont sans cesse besoin ; qui fût pour les études historiques ce que sont les vocabulaires pour l’étude des langues ; qui offrit à l’écolier encore inexpérimenté la véritable orthographe d’un nom, l’époque précise d’un événement, la position d’un lieu ; qui, après la leçon d’histoire, lui donnât les moyens de retrouver les détails que le professeur a dû omettre, de faire plus ample connaissance avec les personnages secondaires qui ont à peine été nommés, et d’achever ainsi le tableau dont on lui a seulement présenté l’esquisse ; qui, en mettant l’humaniste en présence des personnages qu’il doit faire parler, des lieux qu’il doit décrire, lui permit de s’inspirer de la réalité, et de donner à ses discours ou à ses vers un corps, une substance sans lesquels tous les efforts d’imagination n’enfanteront jamais que de vains mots. Un tel livre manquait à nos classes ; nous avons espéré, en travaillant à combler cette lacune, contribuer pour notre part au progrès des études.

Au collége Bourbon, le 1er juillet 1812.