Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/151

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les colonies, à tous les pays nouveaux qui entrent dans la carrière du travail et de la civilisation, il y a avantage et profit, même dans le cas où le change leur est défavorable.

Supposera-t-on que l’excédant des importations consommé en pure perte appauvrit d’autant plus le pays ? Cette dissipation ne serait pas de longue durée, car quel moyen aurait-on d’en payer la valeur ? Y emploierait-on la monnaie ? Mais elle n’abonde pas dans un pays qui importe plus qu’il n’exporte, et qui par conséquent consomme plus qu’il ne produit. La monnaie n’abonde que dans les pays riches, et elle est nécessairement rare dans les pays dissipateurs, et par conséquent pauvres. Sa rareté est même une des causes ou des effets de la pauvreté. La monnaie doit être plus chère dans le pays pauvre, où elle est rare, que dans le pays riche, où elle abonde. Il est donc impossible de supposer que le pays pauvre paiera l’excédant de ses importations avec sa monnaie dont il a le plus grand besoin, et qu’elle sera reçue comme un bon équivalent par le pays qui, non-seulement n’en a aucun besoin, mais qui ne pourrait s’en servir sans détériorer la sienne par la trop grande abondance de l’une et de l’autre. On se fait donc des notions fausses et peu réfléchies du change, lorsqu’on se persuade que sa baisse peut résulter de ce qu’un pays achète plus à l’étranger qu’il ne lui vend.

On est cependant tellement prévenu à cet égard