Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/190

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que le monopole des compagnies de commerce n’a pas été un obstacle aux profits des capitaux, aux salaires du travail et aux progrès de la richesse et de la civilisation ; d’où l’on peut conclure, d’après l’expérience, qu’à une certaine époque de la civilisation, les compagnies de commerce ne sont pas contraires aux intérêts des peuples. En est-il de même à toutes les époques ? Non, sans doute, et il ne serait pas difficile de prouver que, dans des situations différentes, elles sont essentiellement ruineuses pour un pays, et lui font plus de mal qu’elles n’ont pu lui faire de bien dans d’autres temps. On les conserve cependant, mais sans aucun autre motif que celui de leur existence. On invoque les précédens comme une règle infaillible, et l’on oublie la sublime leçon du lit de Procuste. Serait-ce s’abuser que d’en faire l’application aux compagnies de commerce ?

Quand elles s’établissent, elles portent le commerce du pays dans des branches incultes, et qui, sans elles, ne seraient pas cultivées ; elles favorisent par conséquent le travail, l’industrie, la richesse, la population et la civilisation ; mais tous ces avantages sont perdus lorsque les capitaux sont assez abondans, ou le crédit assez florissant pour que les particuliers puissent, sans monopole, faire le même commerce que les compagnies ne peuvent faire qu’avec le monopole. Quand les, choses en sont arrivées là, ce qui n’est ni impossible, ni sans exemple, on ne peut