Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/219

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ses objets de consommation ou les faire employer pour son compte ; mais l’emprunteur peut être dans l’impossibilité de se passer du prêt. Il est donc forcé de se soumettre aux conditions qu’on veut lui imposer, conditions qui, si elles sont injustes et abusives, ne peuvent cesser de l’être que par la faculté indéfinie du remboursement, qui rétablit l’équilibre entre les contractans, et classe le contrat de prêt parmi les contrats commutatifs, dans lesquels chacun donne pour recevoir et reçoit autant qu’il donne.

Une autre remarque non moins essentielle est que, quoique le prêt soit fait et stipulé remboursable en monnaie, on ne doit pas la regarder comme l’objet et le terme du prêt ; cela est si vrai qu’on pourrait l’effectuer sans le secours de la monnaie et par la seule tradition des objets de consommation qu’on achète avec la monnaie.

On a souvent confondu la monnaie métallique, instrument du crédit, avec les objets de consommation qui en sont la matière ; de là est résultée la complication du crédit, déjà assez dénaturé par la transformation de l’objet matériel du prêt en capital et de ses bénéfices en intérêts. Le désordre des idées est si grand à cet égard, même parmi les personnes qui ne sont pas étrangères à la science pratique du crédit, qu’il n’est pas rare de les voir regarder le capital et l’intérêt du crédit comme des idéalité, des abstractions, des fictions qu’on peut ne pas réaliser, ou qui n’ont que des