Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/220

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réalités dont on peut se jouer impunément, et, en effet on s’en est trop souvent joué. Dans quel non-sens n’est-on pas tombé, soit en écrivant sur le crédit, soit en lui donnant des lois, soi en l’appelant à son secours, soit en appréciant ses services reçus et ceux qu’on peut en recevoir ! Tout est encore à cet égard dans un inconcevable chaos.

Quand Law proposait aux Français de verser dans les caisses du trésor l’or et l’argent qu’ils avaient en leur possession et de recevoir du papier-monnaie en remplacement, quelle était sa pensée ? Voulait-il emprunter l’or et l’argent qui leur appartenait, ou croyait-il qu’il leur en donnait l’équivalent en leur livrant la même valeur en papier-monnaie, et que le papier-monnaie serait aussi propre à la circulation que l’or et l’argent monnaie.

Dans l’un et l’autre cas il se trompait, ou plutôt il n’avait aucune notion du rôle que joue la monnaie d’or ou d’argent dans les transactions sociales. C’était confondre dans la même catégorie deux choses essentiellement distinctes, que d’attribuer la même propriété, la même valeur au papier-monnaie et à la monnaie d’or et d’argent. Le papier-monnaie n’a en lui-même aucune valeur matérielle ; il n’a que celle que lui donne la loi. Il n’en est pas de même de l’or et de l’argent ; ils ont une valeur réelle, intrinsèque et indépendante de toute loi, de tout pouvoir politique et social ; la valeur que le papier-monnaie