Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/245

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sance du revenu public, et qu’à une époque peu reculée elle en absorbe une si grande partie, que ce qui en reste ne suffit plus aux indispensables besoins du service ordinaire. Que fit-on dans cette position désespérée ? On inventa l’amortissement qui, avec une faible somme consacrée à racheter la dette publique au cours du marché, parvient à arrêter son accroissement indéfini. (Voyez Amortissement.)

Ainsi, depuis que la dette publique existe, elle n’a jamais été remboursée, quoiqu’on ait multiplié les plans de remboursement ; à peine en a-t-on payé l’intérêt ; et cependant le zèle des prêteurs ne s’est point ralenti, la fortune publique n’en à point souffert, et la condition des peuples s’est prodigieusement améliorée.

Sans doute on dira que tous ces avantages ont été obtenus malgré la dette publique, et que sans elle ils auraient été bien plus grands ? Mais ce n’est là qu’une assertion, et il reste à la prouver, ce qu’on n’a pas encore fait. Quelle est donc la cause de ce singulier phénomène ? Comment concevoir que les peuples s’enrichissent quand leurs gouvernemens ne peuvent pas payer les dettes de l’état ; et, ce qui est encore bien plus étrange, comment le revenu public augmente-t-il dans la proportion de l’accroissement de la dette publique, sans arrêter la progression de la richesse générale, et sans lui porter la moindre atteinte. C’est là, sans contredit, un prodige qui semble