Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/383

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tournent le capital d’un emploi avantageux, pour le porter dans une autre moins avantageux et peut-être même désavantageux.

Je ne nierai pas que tel ne puisse être l’effet de la plupart des primes d’exportation ; mais je dirai encore ici que la régie ne doit pas être absolue ? et qu’il est une foule de cas où elle doit céder à des considérations qui nécessitent sa modification.

Si, par exemple, un commerçant forme le projet d’introduire les produits de son pays dans des marchés étrangers où ils sont inconnus, et s’il n’est retenu que par l’étendue des risques auxquels il s’expose, serait-ce, de la part de son gouvernement, manquer de lumières et de prudence que de lui accorder des primes capables d’alléger ses risques et ses chances, et ne suffit-il pas, pour autoriser de semblables sacrifices, qu’on ait l’espérance bien fondée d’ouvrir de nouveaux débouchés à l’industrie du pays. On peut d’autant moins hésiter à cet égard, que c’est à de semblables secours qu’on doit l’établissement colonial de l’Europe dans toutes les parties du monde. Si ces colonies épuisèrent d’abord l’Europe d’hommes çt de capitaux ; si elles les détournèrent du moins des emplois plus utiles qui les occupaient, on doit convenir aussi que ces colonies se sont généreusement acquittées des avances qu’on leur avait faites ; qu’elles ont versé en Europe d’immenses richesses, changé ses destinées, et ouvert devant elle un avenir de prospérité et de puissance dont