Page:Dictionnaire analytique d’économie politique.djvu/390

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Quelque révoltant que soit ce paradoxe, il a été le sujet d’une controverse assez vive parmi des écrivains éclairés ; mais les plus simples réflexions suffisent pour faire sentir l’inutilité de cette controverse.

Si la production créait toujours et nécessairement la consommation, il n’y aurait jamais de surabondance, et ce mot ne se trouverait pas dans la langue économique ; car que veut-il dire, sinon que la production surpasse les besoins de la consommation, et que l’action délétère du temps détruit ce qui n’a pas trouvé de consommateur.

Chercher un remède au mal dans le mal même, augmenter la production, quand celle qui existe surabonde, et prétendre qu’il y aura d’autant plus de consommation qu’il y aura plus de surabondance, c’est le comble de l’aveuglement ou de l’irréflexion. À la production non consommée, ce n’est pas de nouvelles productions qu’il faut ajouter pour égaler la consommation à la production, c’est le nombre des consommateurs qu’il faut augmenter.

À la vérité plus de production donne plus de moyens de consommer, mais ne donne pas plus de consommateurs ; et si le nombre des consommateurs n’augmente pas avec les moyens de consommer, il n’y aura pas plus de produits consommés, mais il y aura plus de produits perdus pour le producteur.

Ce qui a donné lieu au paradoxe qui m’occupe, c’est que la production qui trouve des consom-